La Cantate Rebelle | 2001-2004

Avant d’aller voir La Cantate Rebelle avec leurs élèves, les enseignants ont fait un travail de préparation. Pour certains, il y avait également un suivi. En particulier, on a demandé aux élèves qui ont assisté au spectacle de rédiger un texte répondant à la question posée à la fin du spectacle : Comment faire après avoir survécu à une catastrophe comme le génocide évoqué dans la Cantate Rebelle ? Pardonner ? Se venger ? Se réconcilier ? Les 13 textes qui suivent, écrits par de jeunes spectateurs, tentent de répondre à une question qui continue à hanter les esprits 20 ans après.

Comment à partir de la mort, un groupe de personnes va renaître à la vie et reconstruire une ébauche de ville et de route ? L’histoire des morts va éduquer les vivants et leur redonner espoir. Le langage imaginaire ne transmet pas des mots mais des sentiments. Il rend le spectacle magique et chacun a l’impression qu’on ne s’adresse qu’à lui. Personne ne perçoit la pièce de la même manière. Néanmoins le message central reste le même pour tout le monde : l’espoir aide à surmonter les pires moments de la vie. Les comédiens ont parfaitement réussi à nous émouvoir et à nous le faire comprendre. Les chansons qui rythment la pièce s’intègrent parfaitement au spectacle et contribuent à la compréhension du message. Je ne regrette pas d’être allée voir cette pièce et je la conseille à toute personne ayant l’esprit ouvert. Emeline Dujancourt

L’interrogation est au centre de cette pièce de théâtre originale qui laisse à l’esprit de ses spectateurs diverses questions sur lesquelles la réflexion semble nécessaire : Après la guerre… qu’est-ce qu’il y a ? Certes la mort … mais  pas seulement ! La réconciliation ? … La paix ? … La vengeance ? … La haine ? … C’est à chacun de trouver son chemin. Jacob Magnus nous montre la direction à suivre mais sera-t-elle suivie par tous ? Sauront-ils tous accorder leur pardon ? Ou au contraire, affronteront-ils leurs ennemis ? La Cantate Rebelle laisse son public quelque peu méditatif. Les interrogations finales restent sans réponse et chacun aura son avis sur la réponse à apporter. Cependant, les comédiens dégagent, par leur intonation, leurs gestes, leurs visages, leur expression corporelle …, une certaine émotion qui nous laisse présager que la réconciliation, la reconstruction, la renaissance, l’espoir …, toutes ces notions plus positives les unes que les autres, restent leur seul but après l’horreur de la guerre, accompagnée de la mort et de l’exil, qu’ils viennent de vivre. Elodie L.

La haine est-elle pardonnable ? ou interdit-elle le pardon ? La haine entraîne la violence car elle est provoquée par la violence mais ne faudrait-il pas plutôt pardonner pour relancer la discussion ? La parole amène la paix mais enlève-t-elle la haine ? Des générations entières d’une population ancrent en elles la haine, choix facile car on ne se souvient pas des raisons de cette haine. Le choix le moins facile et le plus courageux est la voie de la réconciliation. Le courage n’est pas le soldat qui tue mais le diplomate qui discute. Xavier Hersent

Cette pièce jouée en langage imaginaire, nous fait, que ce soit par le jeu des acteurs ou par les nombreux chants qui la composent, réfléchir, et ressentir des situations tout de même assez réalistes. On assiste à une mise en scène très objective et qui laisse libre pensée aux spectateurs. Un message de vie et d’espoir nous est transmis après une situation dramatique. Ce message est mis en place au niveau de la scène. En effet un chemin, symbolisant la vie, prend forme. C’est alors qu’à travers des objets ordinaires, on nous présente une scène qui nous évoque l’importance des découvertes de diverses richesses de la vie dans différents domaines tels que la culture ou la religion. On peut alors s’interroger sur la capacité d’une renaissance après un événement tragique. L’homme est-il ou pas capable de pardonner à ses offenseurs, ainsi que de s’enrichir d’une tragique expérience ? Cette pièce prend un caractère universel d’une part grâce à son langage imaginaire et d’autre part à travers sa situation dramatique mais toujours actuelle dans le monde. Cette pièce interpelle donc le spectateur sur la nature humaine à travers ses plus grandes valeurs : le pardon et la tolérance. Un(e) élève

Quelle est ta voie ?

 

La vie n’est pas une chose ordinaire,

Il faut mener sans cesse des combats,

En sachant toutefois enterrer la hache de guerre

Mais ce n’est pas aussi simple qu’on le croit.

 

Maintenant que tu as découvert la route de la vie

Et que tu es devenu vigoureux,

Tu dois désormais parler à l’ennemi,

Même si cela te paraît dangereux.

 

C’est avec foi et pertinence,

Que tu obtiendras la liberté,

Et c’est lorsque reviendra l’espérance,

Qu’il ne tiendra qu’à toi d’y goûter. Emilie

Découvrir une pièce comme La Cantate Rebelle fut un vrai plaisir, de plus cette aventure nous a menés de surprise en surprise. Le contact établi avec les comédiens et toutes les personnes travaillant au Théâtre du Lierre a été très chaleureux. L’approche particulière que nous ont apportée les différentes visites que nous avons faites au théâtre a permis une meilleure compréhension du travail effectué pour nous offrir deux heures de rire, de sursaut, d’étonnement et de plaisir. Au-delà de la conception technique de la pièce, la morale de la pièce n’est pas succincte. L’utilisation d’une langue imaginaire nous force à nous créer notre propre histoire. Personne ne comprend la même chose car l’interprétation de chacun est personnelle. Le sujet de la pièce est malheureusement d’actualité. La fuite à la suite de batailles est une conséquence que beaucoup aujourd’hui sont obligés d’accepter. Quitter ainsi son domicile, ses proches et ses habitudes ; ne pas savoir si on pourra reprendre une vie “normale”; même ne pas savoir si l’un de nos proches est toujours vivant ; autant de questions qui restent encore dans le mystère pour certains. La pièce montre, non la fuite mais ce qui vient après : chose qu’on met souvent dans l’ombre. Cette fuite n’est-elle pas une mort, une fin qui nous mène à un recommencement ? Cette question est très bien expliquée dans la pièce. En effet, la résurrection des personnages morts au début de la pièce montre l’idée d’un renouveau, d’une renaissance. Un autre aspect de la pièce qui ne saute pas aux yeux a son importance : la solidarité qui règne entre les personnages. En effet, il règne une solidarité omniprésente dans le groupe. Cette solidarité est importante dans le déroulement de l’action car tous les personnages sont liés tout le long de la pièce. Ceci est aussi vrai dans la réalité. Effectivement les réfugiés de guerre se regroupent et il y a une solidarité entre eux, une entraide importante pour se reconstruire une nouvelle vie. L’émotion qui se dégage de la pièce est aussi due à la beauté des chants et aux voix impressionnantes des comédiens. La Cantate Rebelle est un hymne à la vie. Ce sont des félicitations que l’on peut adresser à tous ceux qui ont fait de ce spectacle ce qu’il est. Merci. Mlle Rachel Bru, Mlle Thanigasalam Abirami

Après la guerre, la paix est-elle réellement possible ? Peut-on pardonner à nos ennemis ? Doit-on les fuir ou les affronter ?

Ce n’est pas chose aisée de répondre à ces interrogations et de faire le bon choix et en cela La Cantate Rebelle le montre bien. Elle nous montre aussi qu’il faut continuer de vivre, et qu’il faut reconstruire sa vie malgré tout. Seulement, pouvons-nous réellement accorder notre pardon à ceux qui ont choisi “la facilité”: la haine, plutôt que de chercher à parler ou à se réconcilier.

Bien que les paroles et les chants soient dans des langages imaginaires, eh bien, nous n’avons pas besoin de comprendre les paroles pour entendre les messages de paix, de solidarité, de fraternité que les comédiens nous faisaient ressentir à travers l’intonation de leurs voix et leurs mouvements. Alors je pense que malgré tout il faut tenter la réconciliation pour bâtir un monde meilleur pour nos prochains et ce n’est pas en haïssant que l’on résoudra les problèmes, au contraire. Alors même si c’est dur et long, le pardon et la réconciliation restent à mes yeux le meilleur choix possible.

Je remercie tout ceux qui ont participé à ce spectacle pour les messages de paix et de fraternité qu’ils ont lancés. Un(e) élève

En réaction à la question finale de La Cantate Rebelle, je vais tenter de répondre en exposant mon point de vue sur le sujet du Pardon.

Cette histoire retrace un événement toujours d’actualité puisqu’il s’agit de la fuite d’un peuple chassé de chez lui. Les personnages se font tuer, en partie, et reviennent à la vie. Malgré tous leurs déboires ils gardent l’espoir d’un renouveau en découvrant peu à peu les traces de leur civilisation. C’est alors que se pose à eux la question évoquée dans le texte final : Doivent-ils pardonner ou haïr leur ennemi ?

Cette question est le problème de toute la société qui est la nôtre. Le passé nous a prouvé que la violence ne résout rien. Répondre à la violence par la violence ne sert à rien ! Il est vrai que, comme les personnages-victimes de cette pièce, de nombreux peuples ont vécu l’atrocité d’une guerre, d’un génocide. Le sentiment qui en résulte est inévitablement une haine profonde qui ne peut se dissiper. La haine n’est pourtant pas la solution. Si l’on entre dans ce cercle vicieux de la haine, on n’en sort jamais … et malheureusement les conséquences s’amplifient de jour en jour. Peut-être est-il préférable que le peuple en question, s’il n’est pas pourchassé, reparte à zéro et commence une nouvelle vie…

Le sentiment de haine ressenti par les victimes est humain. L’homme est pourtant responsable de ses actes et est dans l’obligation de contrôler, de refouler, ce genre de sentiments. Je sais qu’il est difficile d’oublier mais le plus dur est sans doute d’accepter la défaite et d’atteindre l’humilité pour ne pas perdre de vue ses valeurs et le sens réel de la vie. Le Pardon est finalement la seule solution au problème. Un(e) élève)

L’exil est-il une fin en soi ? Peut-on toute sa vie fuir ? Fuir les foules, la solitude ? Peut-on éternellement fuir la vie en se réfugiant dans un monde imaginaire, dans un monde fait uniquement de rêves, où les cauchemars n’auraient pas leur place ? Un monde où l’on pourrait tout recommencer à l’infini sans jamais se soucier de la vie extérieure ? Peut-on ainsi fuir éternellement la plus belle chose qui soit ? Peut-on infiniment fuir la vie ?

Une simple envie de hurler, d’agripper, de secouer. Il est certain qu’un jour ou l’autre nous en serons la victime. Moi, lui, elle là-bas sur le banc ! Tous nous pourrions tomber entre ses abominables mains griffues et tranchantes qui brisèrent plus d’un des meilleurs hommes de ce monde. Les mains griffues de l’ennemi de tout homme libre : le désespoir.

Elle circule. Elle s’insinue dans les moindres recoins de votre esprit. Elle ronge l’homme, le dévore de l’intérieur. Elle envahit l’esprit et détruit le cœur. A peine le pied posé sur le terrain et je la sens m’envahir, un seul regard sur l’adversaire lui fait gagner la moindre parcelle de mon esprit et je sais que durant les 80 minutes qui vont suivre elle ne me quittera plus. Pourrais-je réellement tenir sous les assauts de tous ces adversaires, supporter la douleur si la haine n’évinçait pas tous les autres sentiments. Le sifflement de fin de match serait-il si reposant si elle ne me maintenait pas au maximum de mes capacités ?

La colère n’est-elle pas le meilleur moyen de crier sa rage, de vider un cœur trop plein pour supporter encore d’autres émotions ? Dans les moments de colère pure, toutes les mauvaises sensations, les sentiments les plus refoulés et tout ce que renferme notre esprit de plus obscur se voit brutalement mis à nu.  Pourrions-nous vivre et rester sains d’esprit s’il n’existait pas de tels moments de “purge spirituelle” ?

On a souvent attribué des qualités surnaturelles aux hommes ayant choisi la solitude. En effet l’homme est de nature à vivre en groupe, en meute. La notion d’humanité n’est-elle pas liée à une idée de groupe car on se basera sur le tout pour qualifier l’unité. Un(e) élève

Nous avons vu ces comédiens trois fois. La première était une répétition. Plonger directement dans l’atmosphère de la débâcle nous a fait un choc : “Qu’est-ce qu’ils disent ? C’est normal ? Ils sont fous ?” Il faut rappeler que je suis arrivé en retard. Ils étaient en cercle et s’échangeaient des propos que tout le monde semblait comprendre. Sauf moi. On mange. On revient, plus de discussions, pendant le repas, les “civils” sur une scène de théâtre deviennent des pauvres réfugiés habillés pauvrement. Les acteurs jouent et je commence à comprendre le langage usité dans ce théâtre.

2e visite : On se sentirait presque chez nous. On prend des habitudes, on s’assoit sous le fumoir à la même place. Nous sommes accueillis par des tambours. Le théâtre vit et on se rend compte qu’il a vécu pendant que l’on n’était pas là. Le travail est plutôt spirituel. Alors que les acteurs se détendent en mimant des pantins, la classe rentre dans une sorte d’autre univers. On ressort de la salle, le cerveau apaisé, presque en titubant.

3e visite : Le théâtre nous donne l’impression pour la première fois de travailler. Le noir se fait dans la salle. On vit la remontée vers l’humanité de quelques réfugiés. Tout à coup les acteurs sortent de la scène. Ils sont à quelques mètres. Ils nous parlent en français, en anglais, en allemand, en espagnol, etc. Ils parlent comme nous ! Alors que l’on s’était habitué à la langue des autochtones du spectacle, nous, nous recevons le même choc que la 1ère fois sauf que maintenant c’est parce qu’on parle notre langue.

Les acteurs qui sortent un à un sont lessivés. Nous les quittons comme s’ils nous avaient tout donné. Un(e) élève

J’ai aimé le spectacle parce que je trouve qu’il y a énormément de vérité dans ce qui y est dit. Est-ce vrai qu’après une guerre on peut revenir dans son pays et pardonner à ceux qui nous ont causé autant de tort en nous détruisant ? Cette pièce montre la résurrection de sept personnages, or même dans la réalité après la mort on ne sait ce qui se passe. Dans le théâtre ils ont imaginé ce qui pourrait se passer si on pouvait revivre. Pourrait-on revivre sa vie de façon normale ? Mais d’abord aurons-nous le courage de vouloir soit reconstruire, soit suivre un chemin que nous pourrons construire comme le font les personnages dans cette pièce ? J’ai été étonné car la pièce était vraiment très bien et nous montre le renouveau de la vie. La haine est toujours là mais il faut essayer de la contenir, de ne pas la laisser paraître. Il faut avec ses ennemis se réconcilier même si cela est très dur, même si on souhaite leur mort. Tout doit être fait pour qu’il y ait une reconstruction autour de valeurs morales. Une joie doit de nouveau s’installer même si rire est très dur, surtout avec ses ennemis. Jamais personne je pense ne peut faire ce que je viens de dire, personne ne peut se réconcilier aussi facilement. Il faut du temps pour oublier tout ce que l’on a subi. La haine que l’on a pour ses voisins qui avant cette guerre étaient nos amis ne peut s’expliquer que par la haine grandissante que l’on insuffle aux gens. Il ne peut, je pense, y avoir de réconciliation car les gens ne peuvent oublier. Ils auront toujours des souvenirs atroces de cette guerre. David Zerbib

La souffrance, qu’elle soit physique ou morale, fait partie de nos vies, celle-ci est éphémère, nous devons la combattre ensemble pour pouvoir avancer et être plus courageux. On doit de ce fait être solidaire les uns envers les autres, car c’est une chose importante de ne pas se sentir seul lors de lourde déception et de lourd malheur.

Les guerres, les maladies, la méchanceté, la haine, la rancune sont des événements terribles que nous sommes obligés d’affronter, afin de préserver nos traditions, nos mœurs et ce qui nous tient vraiment à cœur. La guerre est un événement fatal de la vie, créé par les hommes eux-mêmes qui tuent leurs semblables pour de simples questions d’argent ou de territoires, ou encore juste pour satisfaire leur soif de pouvoir et de conquête sur d’autres peuples. N’est-ce pas pathétique et révoltant ? Face à un tel événement, pour sauver le peu qui nous reste, devons-nous parler à l’ennemi ? le tuer ? ou se réconcilier ? Si nous tuons les ennemis, nous faisons la même chose qui lui, nous tuerons à notre tour l’ennemi, qui est l’un de nos semblables. On se rabaisserait à son niveau, des hommes métamorphosés en « bêtes sauvages » ne pouvant différencier le bien du mal.

Joignons nos mains et nos esprits pour faire face à ces hommes “minoritaires” qui détruisent nos vies. Avec nos regards et nos cœurs, nous essayerons de toutes nos forces de les dissuader de continuer ce massacre abominable, car brillent en nous l’amour, l’espoir et la liberté. Mlle Keïta Allimata

Exil tu subiras, si t’en oblige la guerre

Si mort il y a, la nature, vie, te redonnera

Pour chemin tu prendras, celui que le mort t’indiquera

Organiser un campement pour les tiens tu devras

Il te faudra subir les humeurs de chacun

Reconstruire une civilisation pour ne former qu’un

 

Vers le langage de ton choix tu te tourneras

Il n’y aura plus de barrière parmi les tiens

Espoir, vie et communication, ta devise tu feras. Martin Van Larce

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