La Trilogie Ferdowsi | La Tragédie de Siâvosh | 2014
Un spectacle total. Il faut tout le souffle épique de Ferdowsi que dirige vers le public, la propre langue de Farid Paya pour faire rejaillir le courage moral de Siâvosh interprété très vivement par Thibault Pinson. (…) La présence des comédiens, Jean-Matthieu Hulin, Esfandiâr et David Weiss, Rostam, donne un accent tout shakespearien à l’affrontement de ces deux héros. (…) Farid PAYA use d’une langue sobre et juste, sans affèterie, solide levier pour les voix énergiques des comédiens engagés dans un spectacle total puisque nous assistons également à des chorégraphies d’arts martiaux saisissantes. (…) Pour accéder au Livres des Rois, cette monumentale œuvre de Ferdowsi, sans conteste, Farid PAYA et la Compagnie du Lierre ont réalisé un travail remarquable en mettant en scène la trilogie : Rostam et Sohrâb, La Tragédie de Siâvosh et Rostam et Esfandiâr, pour nous en livrer l’essence, le souffle et l’imaginaire, celui qui force l’avenir. Nous lui en sommes vraiment très reconnaissants. En effet sans références historiques, nous avons pu grâce à lui, pénétrer dans l’histoire mythologique de l’Iran, son âme poétique et ardente, ses fractures, ses rêves insoumis. Il s’agit d’un fond universel mais qui résonne de façon persane, sans exotisme. Pour tout dire, nous avons fait un magnifique voyage en Perse.
Une belle leçon de politique, et d’humanité, et de théâtre. D’où vient que deux heures plus tard on sorte de là en ayant le sentiment d’avoir reçu une belle leçon de politique, et d’humanité, et de théâtre ? (…) On découvre le jeune Siâvosh, modèle de droiture aux prises avec le monde comme il va – mal, évidemment. (…) Les monarques ne sont que le jouet de leur passion guerrière, de leur petitesse soupçonneuse et de leurs conseillers pousse-au-crime. Tout ce qu’il faudra d’efforts à Siâvosh – le saisissant Thibault Pinson, au sourire de statue antique – pour tenter de rétablir la paix ! (…) À la sortie on rêve de devenir diplomate afin de réussir là où Siâvosh a échoué. On fonce emprunter le Livre des rois à la bibliothèque du coin. On réserve pour le deuxième volet Rostam et Esfandiâr.
Un théâtre des merveilles. On se retrouve devant l’histoire de Siâvosh comme un enfant avide de récits terrifiants et drôles, comme les invités réunis pour une veillée, comme les membres d’une communauté ancestrale installés en cercle autour d’un sorcier enthousiaste : pantelant et ravi ! (…) Des costumes chatoyants, une musique fascinante et suggestive. (…) Toute la troupe s’empare de la légende de Siâvosh avec autant de grâce dans le délié que de force dans l’effusion. (…) Paya le Persan œuvre ainsi à révéler un monde mal connu en Occident. Il le fait dans un langage qui se rit des frontières et des préjugés : celui du talent, éblouissant dans La Tragédie de Siâvosh, à découvrir dans Rostam et Esfandiâr.
On aime beaucoup. La pièce montre bien comment le mécanisme de guerre et de haine se met en place. Les acteurs incarnent avec rigueur les rapports de force. Farid Paya a réussi de manière convaincante le passage du récit au théâtre, et la tension dramatique est intense durant tout le spectacle.
Une grande énergie. Les combats superbement chorégraphiés s’inspirent des arts martiaux et donnent une grande énergie à l’ensemble. Devant le beau mur de pierre du théâtre, une estrade de bois clair et une belle tapisserie de soie brodée, un décor où va pouvoir se dérouler la tragédie, sublimée par un jeu de lumières très élaboré. La mise en scène de Farid Paya concentre le spectacle dans le texte, le jeu corporel des acteurs, magnifié par les beaux costumes d’Évelyne Guillin, inspirés des miniatures persanes, et la voix. Avec ce conte oriental qui nous rappelle que la volonté de résoudre les conflits doit l’emporter dans l’esprit des gouvernants, c’est à un beau voyage en Perse que nous convie Farid Paya.
Joli théâtre post-persan. Ce sont sans doute les scènes de combat (sans armes le plus souvent, tout est dans le geste et la suggestion) que le style est le plus affirmé et le plus fascinant. Les autres moments sont plus classiques, joués par des interprètes aux intonations sobres et calculées. Peut-être y a-t-il trop de textes, tant les parties gestuelles sont à elles seules claires et convaincantes. Ce joli théâtre post-persan, au tempo un peu lent, permet d’être de plain pied dans ce qui était l’équivalent de nos chansons de geste : c’est héroïque, avec en arrière-plan une belle méditation sur l’héroïsme.
De toute beauté. Tout ici invite à l’imagination du spectateur. Les costumes sont flamboyants sortis d’une miniature. (…) La musique et le chant invitent à l’émotion. La musique touche au cœur et le choral final de « Rostam et Esfandiâr » est de toute beauté. (…) Le Shâh-Nâmeh grande épopée se voit comme un conte. Si vous aimez les histoires de preux guerriers, de belles dames, de méchantes sorcières, de traitresse, si vous aimez voyager, ces pièces sont faites pour vous.
Sur les chemins du conte. La plus grande qualité du spectacle réside dans une mise en scène qui sait laisser la place à l’imagination du spectateur. Pas de décor ou presque, ce sont les placements et les répliques qui nous font voyager et suivre l’intrigue. Les marches d’un palais suffisent à évoquer le pouvoir, la scène offre son espace dépouillé aux joutes physiques et verbales, tandis que les jeux de lumière dessinent des espaces et des ambiances. Les placements et mouvements sont chorégraphiés et signifiants. Les scènes ont des allures de tableaux. Enfin, Farid Paya est entouré d’une troupe dynamique et engagée, dont les membres endossent les défroques de personnages différents avec aisance. Leurs voix, celle de Vincent Bernard en particulier, nous entraînent sur les chemins du conte… et l’on s’y laisse conduire avec plaisir.
La beauté d’exécution artistique. Dans ce spectacle, se remarque la précision d’occupation de l’espace par les artistes dû au décor dépouillé, lequel permet une grande liberté d’expression. Cette mise en scène a les apparences d’une toile de soie brodée associée à la technique des films d’animation en 3D. La beauté d’exécution artistique des comédiens de la Compagnie du Lierre propose une grande lisibilité du texte de Ferdowsi par la qualité des interprétations individuelles. Cette nouvelle création de Farid Paya, une ode à l’émerveillement.
Un enchantement. Farid Paya souffle ici sur les braises d’une partie de ses origines et tente de redonner vie, à travers ces récits épiques, à la flamme culturelle perse qui éclaire le monde artistique, scientifique et politique depuis l’antiquité. (…) Le chant a une part importante. Mélopées lancées du fond du ventre qui font éclater dans cette pièce l’aspect poétique du texte original. (…) Dans une mise en scénographie à la fois sobre et majestueuse, une exigence de jeu d’une rigueur implacable, des scènes de batailles et d’intrigues alternant avec des passages contés et chantés. (…) Tout ici est réuni pour que le spectacle soit un enchantement, une fresque captivante : les images, le jeu des comédiens sur un plateau nu, la vivacité des scènes, cette forme de conte qui devrait prendre le spectateur par la main et l’emmener doucement dans ces aventures épiques et merveilleuses.
Ravissement, éblouissement. Un récit de mille ans, au langage ciselé, vous emporte hors du temps. Tout en parlant de nous, enfants stressés, sans guerre à affronter… Mais est-ce donc si sûr, en y réfléchissant l’espace d’un instant ? (…) Alors à toutes ces magnifiques personnes, bravo pour cet après-midi éblouissant ! Pour votre énergie sur scène, votre phrasé si soigné. Vous servez à merveille ce récit magique et puissant. Chers amis allez les voir !
Une belle harmonie de jeu. Farid Paya met en scène sa partition comme se déroulerait, de manière animée, le parchemin manuscrit du conteur, sur un plateau nu, avec uniquement une toile murale de soie brodée et quelques marches de bois symbole du trône, le pouvoir d’évocation résultant des lumières travaillées de Jean Grison et de la musique inspirée de Bill Mahder qui sollicitent l’imaginaire du spectateur. Dans les somptueux et chatoyants costumes aux profondes couleurs minérales inspirés des miniatures persanes sans verser dans le spectaculaire « folklorique » confectionnés par Evelyne Guillin, les acteurs officient dans une belle harmonie de jeu au sein de véritables tableaux en majesté.
Un théâtre d’action. Ce théâtre est avant tout un théâtre d’action au cours duquel combats et chants sont réglés au millimètre près. Élégante sobriété de la scénographie, beauté indéniable des costumes, tout est destiné à réjouir les yeux et contenter l’esprit.
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