La Trilogie Ferdowsi | Rostam et Sohrâb | 2012
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J’ai adoré ce spectacle. Une véritable saga, une épopée où il n’y a pas une seule baisse de tension. Ce texte que vous avez traduit est tellement poétique. C’est rythmé du début jusqu’à la fin. Vous êtes un de ces rares metteurs en scène qui savent raconter des contes pendant deux heures et nous passionner. On ne s’ennuie pas un moment. Il se passe de tout sur scène : ils dansent, il y a des arts martiaux. On est épaté par les huit acteurs, tous Français, qui chantent la musique quasiment iranienne de votre compagnon de musique Bill Mahder. Un spectacle fait pour tous les âges. Il y avait des enfants à côté de moi qui, totalement pris, demandaient : « qu’est-ce qui va se passer, maman ? », et cela au milieu des cascades, de la musique, de la danse. Vincent Bernard en jouant Sohrâb, un enfant de cinq ans, est étonnant. C’est un acteur qui a beaucoup d’avenir comme tous dans la Compagnie. Signalons aussi la performance de David Weiss, un Rostam dur et invincible, il est sûr qu’il va gagner mais il est tellement bouleversant d’humanité. Citons aussi Guillaume Caubel qui a une voix magnifique, Marion Denys, Xavier Gauthier, Thibault Pinson, Jean-Matthieu Hulin et Cédric Burgle. Il faut rendre hommage à Évelyne Guillin qui a fait la scénographie et les costumes. On dirait les enluminures de livres persans. Ne ratez pas ce spectacle de la Compagnie du Lierre de Farid Paya!
Le passeur. On retrouve avec plaisir l’esthétique propre à la Compagnie du Lierre que Farid Paya fondait en 1974 et qui s’installait en 1980 en un lieu vivant du 13e arrondissement, dont la sotte incurie des tutelles l’a chassée en 2011. Le goût du conte oriental et la soyeuse harmonie des costumes d’Évelyne Guillin, qui signe aussi avec Paya la sobre et rigoureuse scénographie dans laquelle évoluent les personnages combattants de cette histoire cruelle qui met en jeu les forces du mal pour mieux louer, à point nommé, les vertus de la paix recouvrée, vont de pair avec l’agilité des interprètes (David Weiss, Vincent Bernard, Cédric Burgle, Marion Denys, Guillaume Caubel, Xavier-Valéry Gauthier, Thibault Pinson et Jean-Matthieu Hulin) pour la plupart formés aux arts martiaux et aptes au chant, que ce soit en solo ou en choeur. Travail de passeur au sens noble du mot, d’autant plus précieux que tout ce qui touche à l’lran s’avance sous dehors de la crainte et de l’information hâtive née de la propagande. ll n’est donc pas négligeable de s’étoffer l’imaginaire devant une telle représentation, qui mêle hardiment l’âpreté du sens au chatoiement du style.
Les beautés de l’imaginaire. Farid Paya a créé et dirigé un théâtre qui fut des années durant un lieu précieux de création et de sensibilisation. Cet espace n’existe plus. On le retrouve dans la nouvelle salle du Théâtre 13. S’inspirant d’une épopée très connue au Moyen-Orient et en Asie, Le Livre des Rois, lui qui est d’origine iranienne, nous permet d’accéder aux beautés de l’imaginaire d’un poète perse. Il y a dix siècles, Ferdowsi a transcrit la mythologie iranienne dans les 120 000 vers du Shâh – Nâmeh. Huit interprètes, en joutes oratoires comme en combats impressionnants, nous racontent cette belle histoire, cruelle et fascinante. Musique, lumière, costumes, déplacement, jeu, rythme, tout ici séduit et enchante.
Miniatures persanes et travail vocal. La mise en scène, très belle esthétiquement (costumes chamarrés, toile de soie tissée en fond de scène), laisse le plateau nu, qui devient le lieu de combats de kung-fu magnifiquement réglés. Les comédiens adoptent une gestuelle qui rappelle les miniatures persanes. On retrouve le beau travail vocal cher à la Compagnie du Lierre.
Sobre et fastueux. Il y a énormément d’action dans ce récit que vous donnez à voir sur scène. Vous optez pour une mise en scène sobre, juste un panneau qui change de couleur, les costumes en revanche sont fastueux. Il y a une présence du corps qui est extrême qui passe aussi par la voix.
Artistes complets. La Compagnie du Lierre encore nomade, hélas, que nous retrouvons ici avec bonheur est constituée d’artistes complets maîtrisant en plus du jeu bien sûr, le chant scénique ainsi que les arts martiaux et pratiquent résolument l’incarnation des personnages. Une fois de plus, ils nous conduisent en un autre univers par le biais d’un théâtre épique à l’indéniable efficacité qui nous transporte autant qu’elle les transcende. Et puisque une nouvelle équipe vient d’être nommée au Ministère de la Culture, souhaitons qu’elle ne soit pas aussi sourde que la précédente et leur accorde un écrin digne d’eux. Tous nos vœux les accompagnent.
Beau comme un conte. On retrouve dans ce spectacle de Farid Paya tout ce qui a fait l’originalité de son esthétique, de sa manière de saisir le théâtre pour raconter des histoires. Le monde de Rostam et Sohrâb est un monde de guerriers, mais la seule femme du spectacle, Marion Denys, impose sa belle personnalité. Dans les rôles-titres, Davis Weiss et Vincent Bernard sont athlétiques et nuancés. (…) C’est simple, beau comme un conte
Mille et une nuits persanes. Le spectateur est plongé au cœur de l’une des Mille et une nuits de Shéhérazade… Très vite, la pièce s’accélère, cadencée par la langue versifiée de Farid Paya, les chants a cappella des comédiens et leur gestuelle très travaillée… La force narrative du récit et l’énergie des corps emportent l’adhésion…
Un spectacle sublime. Rostam et Sohrâb est un travail vraiment magnifique sur la voix, sur le corps. Les acteurs ont un sens très aigu de la gestuelle, de la manière de la suspendre. Cela vient sans doute de votre rapport aux théâtres d’origine asiatique comme le Kathakali.
La transmission orale. En choisissant cette œuvre mythologique plutôt méconnue en France à l’instar d’autres contes tels que les Mille et une nuits, Farid Paya a voulu rendre hommage à la culture de son pays, en découvrir ses bases fondatrices, mais a également mené une réflexion sur la transmission et la représentation des mythes et légendes. Il fait la part belle au texte et à l’adresse des comédiens, véritables conteurs qui, tout à la fois, racontent l’histoire et incarnent leur personnage. Les chants et la musique de Bill Mahder, se mêlent aux dires afin d’exprimer ce qui dépasse la parole. Farid Paya rappelle ainsi l’importance de la transmission orale qui va de pair avec l’écrit dans ce qu’elle est tout à la fois subliminaire et complémentaire.
La critique est unanime. Une presse dithyrambique a salué la dernière pièce du metteur en scène Farid Paya, Rostam et Sohrâb, présentée au Théâtre 13/Seine jusqu’au 6 juin. Cette adaptation du Livre des rois du poète iranien Ferdowsi – autour de l’an 1000 de notre ère –, fresque épique à la croisée des Mille et Une Nuits et d’Œdipe roi, plonge le spectateur dans une aventure débridée portée par des comédiens qui savent tout faire. Dans Rostam et Sohrâb, on s’emporte dans une langue cadencée, on s’aime en de douces mélopées, on se tue dans des combats de kung fu anachroniques, réglés au millimètre. La mise en lumière, la musique, le décor et les costumes simples et chatoyants donnent du coffre à ce beau voyage dans le temps. On en ressort heureux d’avoir pris connaissance d’un mythe méconnu et pourtant fondateur de l’Iran, pays d’origine de Farid Paya. Le metteur en scène faisait là son grand retour rue du Chevaleret, dans cette salle municipale toute neuve construite en lieu et place de son ancien Théâtre du Lierre. Nous avions l’année dernière suivi ce feuilleton qui l’opposait à la Ville. En guise d’épilogue, une éviction des lieux, faute d’appuis et de subventions. C’est grâce à un deal avec la Mairie de Paris que sa compagnie a réinvesti le théâtre le temps de quelques représentations, en période creuse et hors saison. Dans ces circonstances et grâce au succès critique, la billetterie a plutôt bien tourné, sans pouvoir faire salle comble. Une reprise est programmée du 26 septembre au 28 octobre au Théâtre de l’Épée de Bois, à la Cartoucherie de Vincennes.
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